Et si on parlait du Slow birth !

Slow birth, what’s that?

Vous avez sans doute entendu parler du « slow food », mouvement construit en opposition avec le développement du « fast food ». Il existe aussi le « slow sex », le « slow life », le « slow tourism »

On retrouve de nombreuses déclinaisons avec l’adjectif « slow » qui à lui seul résume le fait de respecter les rythmes dans son quotidien, de nos actes et de ce qu’on vit, de prendre le temps, d’inclure le respect de son environnement et donc comprend une dimension écologique. C’est une connexion à soi et à notre Terre. Et ce mouvement « slow » s’oppose à la rentabilité et la performance.

Je me suis alors demandé si le mouvement « slow birth » existait. J’ai trouvé timidement cette expression sur certains blogues, notamment celui de la doula canadienne Jacquie Munro et celui d’une sage-femme canadienne Gloria Lemay. Même si ce terme de « slow birth » est peu utilisé dans le monde francophone, Michel Odent et Frederick Leboyer par exemple prônent ces valeurs.

Qu’est-ce que cette expression « slow birth »impliquerait-elle réellement ?

1. Faire confiance en son corps qui a été capable de féconder l’oeuf, de le laisser se développer dans l’utérus, de construire l’embryon puis le fœtus, de mener la grossesse à terme puis d’accoucher et de mettre en place la lactation. Les consultations prénatales sont évidemment recommandées mais une par mois suffit et trois échographies pendant la grossesse sont largement suffisantes. Aucun examen n’est obligatoire. Le commencement serait de vivre sa grossesse sereinement. Réaliser trop d’examens, d’échographies, de monitorings, de prises de sangs insécurisent la future mère. Cette dernière, au lieu d’axer sa confiance en elle, met toute sa confiance dans la technique et les praticiens. Pourtant cette femme lorsqu’elle se reconnecte profondément à elle, en sa puissance de femme, se reconnecte à l’instant présent et à notre Terre, est capable de vivre sa grossesse sereinement, d’enfanter son enfant et d’en prendre soin après la naissance en toute sécurité.

2. Le terme de la grossesse se situe entre 37 et 42 semaines d’aménorrhée. Bébé viendra quand il viendra. Laissons le corps et le bébé se préparer et décider de quand ils seront réellement prêts. Patience, patiente, du côté de la femme comme du côté des professionnnels de santé. Déclencher l’accouchement devient fréquent pourtant les statistiques montrent que le risque de césariennes est beaucoup plus élevé après cette intervention.

3. Favoriser un accouchement naturel avec le moins d’interventions possibles. Donc on diminue l’utilisation de médicaments, de matériel médical, de machines, d’électricité, d’équipement à usage unique… L’accompagnement de l’enfantement se centre surtout sur l’humain, le temps consacré aux gens et non la rentabilité, le gain de temps et l’utilisation de machines pour remplacer la présence humaine. L’accouchement hypermédicalisé engendre des déchets alors que l’accouchement s’inscrit normalement dans la nature et ne devrait pas être polluant.

4. C’est normal d’avoir un long travail d’accouchement et le but n’est pas d’accoucher le plus vite possible. Lorsqu’une femme raconte son accouchement, elle va souvent dire, j’ai accouché en 8 heures ou en 20 heures… Elle est souvent capable de dire combien de temps le travail a duré. Le travail rapide est souvent très intense pour la femme. Lorsque le travail de l’accouchement commence, nous ne devrions pas déclencher le compte à rebours. La femme accepte les contractions, les vit pleinement et surtout continue à vivre normalement entre ses contractions tant qu’elles sont espacées. Le corps s’ouvre pour laisser passer un bébé, c’est normal que la plupart du temps, le processus soit long. Le temps permet la bonne dilatation des tissus, prépare le fœtus à ce changement radical de milieu et marque ce changement de statut de femme à mère.

5. Le bébé est né, le temps est suspendu. Laissons cette famille s’apprivoiser. Laissons cette mère et ce bébé atterrir. Je viens de découvrir que le mouvement du « slow parenting » existe mais je souhaite, pour le moment, développer ma réflexion sur la période périnatale.

 

J’espère que le mouvement du « slow birth » vous parle. En tant que sage-femme, je souhaite développer davantage ma pratique dans ce mouvement de slow birth. J’ai de la chance de travailler actuellement en tant que sage-femme indépendante, de ne pas avoir de hiérarchie et de pouvoir respecter mes convictions profondes. Le temps dans l’accompagnement que la sage-femme propose est primordial et fait la différence avec une consultation chez le gynécologue, qui lui est spécialiste de la pathologie. La sage-femme devrait s’occuper d’une femme à la fois pour l’accouchement. Et je suis ravie que les lignes bougent en France actuellement avec la pétition lancée par Anna Roy, sage-femme parisienne.

Je décrirai dans d’autres articles, comment le « slow birth » peut s’appliquer dans le système médical, quels changements espérer dans l’offre de soin et le rôle des politiques de santé. Ce qui m’intéresse aussi, ce sont les femmes, leurs points de vues, leurs expériences et comprendre aussi comment se construit cette peur de la douleur et de l’accouchement dans nos société.

Laura, sage-femme

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